10 GESTES SIMPLES ET QUESTIONS À POSER
La mode « écologique » est de plus en plus populaire et l’industrie est en plein changement. Si tu souhaites faire des choix dans ce sens, tu as peut-être réalisé que ce n’est pas toujours facile de savoir par où commencer! Pas surprenant, puisque, honnêtement, c’est plein de zones grises et il y aura rarement une réponse parfaite. J’ai résumé ici 10 gestes simples et questions à poser quand on parle d’une garde-robe plus écoresponsable.
1.Est-ce que tu te sens bien, confiante, confortable
dans ce nouveau vêtement?
Si la réponse est non, passe au suivant! Un vêtement qui est « presque bien » ou juste « OK » va être délaissé rapidement,
te donne l’impression de n’avoir rien à porter et en moins de deux, tu te retrouves de nouveau en train magasiner. Il faut que le « fit », la couleur ou le tissu ait un je-ne-sais-quoi qui te parle, l’impression que « c’est fait pour moi ». On utilise les vêtements pour exprimer qui on est, comment on se sent. Il y a même des études psychologiques sur le sujet! Si l’on aime l’image que l’on reflète auprès des autres, il est plus facile d’être bien dans sa peau et vice-versa.
2. Choisis des vêtements faits de fibres naturelles comme le chanvre, le lin, le Tencel/Lyocell, la viscose de bambou et le coton (biologique).
Bien que la laine, le mohair et la soie soient naturels, le coût écologique de leur production les met dans la liste à déconseiller. Évite les fibres synthétiques. En plus d’être faits à partir de produits à base de pétrole, ces tissus laissent dans l’eau de lavage des microparticules de plastiques qui se retrouvent dans nos lacs et rivières. C’est bien beau, mais que choisir pour ton legging d’entrainement? Priorise les nouvelles
technologies comme le polyester recyclé.
3.Regarde pour les certifications reconnues comme GOTS (Global Organic Textiles Standard*), OEKO-TEX* ou «Fair for life».
Elles identifient les entreprises souhaitant garantir le respect de leurs démarches écoresponsables et de leurs valeurs. Selon l’organisme, la certification peut identifier les tissus faits de matières biologiques, des méthodes de production (incluant la teinture) qui respecte l’environnement et/ou des conditions de travail plus équitable et sécuritaire. Pour les fibres recyclées, il y a la norme GRS (Global Recycle Standard). Je dois quand même mentionner qu’il faut payer pour obtenir ces certifications et qu’il est possible qu’une petite entreprise ne puisse se permettre une matière première certifiée, mais utilise quand même un produit rencontrant
plusieurs, sinon tous les critères. Ce qui m’amène au point suivant…
4.Renseigne-toi sur la compagnie.
Favorise des entreprises qui sont transparentes dans leur façon de faire. Pourquoi faire attention? Malheureusement, certaines compagnies veulent profiter de la tendance «écologique » et font du « greenwashing » (écoblanchiment), c’est-à-dire qu’elles utilisent des outils marketing et de communication afin de paraître écoresponsable, éthique, etc. sans toutefois l’être réellement. Regarde pour celles qui joignent le geste à la parole : ce sont celles qui choisissent et identifient soigneusement leurs matières premières et s’assurent que les couturières sont rémunérées de façon adéquate et travaillent dans des conditions respectueuses.
Les réseaux sociaux sont aussi une façon intéressante de mieux connaître les designers, car c’est pour eux l’endroit parfait pour communiquer leurs valeurs et non seulement faire une vente. Un bon exemple sur Instagram est le mouvement « Fashion Revolution » qui a souhaité donner une voix aux travailleurs de l’industrie en lançant la campagne #whomademyclothes? (Qui a fabriqué mes vêtements ?).
5.Magasine local.
Jase avec une amie ou fais une petite recherche sur internet : il y a plein de belles idées et du talent tout près de chez toi. Près de la moitié des emplois manufacturiers canadiens de l’industrie de la mode sont au Québec**. Montréal occupe d’ailleurs le troisième rang pour la confection en Amérique du Nord, après New York et Los Angeles. Non seulement ces travailleurs contribuent directement à notre économie, mais ils sont aussi encadrés et protégés par nos lois provinciales et fédérales. La proximité permet souvent au designer d’avoir un meilleur contrôle sur la chaîne de production et il y a aussi moins d’impact environnemental lié au transport de toute cette marchandise. Les créateurs d’ici sont en #modesolidaire et le site internet #mtlstyle a créé un répertoire de la mode québécoise facile à utiliser.
6.Choisis un item qui peut s’adapter à plusieurs saisons.
Privilégie aussi un vêtement qui va bien s’intégrer à ta garde-robe existante et que tu peux porter à différentes occasions. C’est une bonne façon d’avoir de la nouveauté tout en respectant ton budget, sans compromettre sur la qualité (moins, mais mieux). C’est aussi l’occasion de jouer à la styliste dans ta propre garde-robe, de faire des « mix & match » différents de ce dont tu as l’habitude.
7.Est-ce que tu penses le porter plus de 30 fois?
C’est une bonne réflexion pour savoir si ton achat va être un ajout de valeur à ta garde-robe. Plus qu’un « hashtag », la campagne « 30 wears challenge », crée par Livia Firth, créatrice du magazine Eco-Age et productrice exécutive du documentaire The True Cost, est une variante du « en as-tu vraiment besoin? ». En prenant une pause pour se poser cette question, tu ralentis ton envie, te laisse la chance de faire un achat non pas compulsif, mais plus conscient et délibéré. Petit à petit, ça t’aide à comprendre ce que tu aimes vraiment dans chaque achat, ton style et tes besoins. T’aimerais un vêtement unique pour une occasion spéciale?
Considère la possibilité de louer, d’emprunter à une amie ou
d’acheter seconde main.
8. Investis dans un vêtement durable.
La qualité du tissu et de la confection et le design va influencer comment le vêtement va vieillir. Apprends à reconnaître les signes d’un vêtement bien fait (et bien pensé), au-delà de la marque. Bien sûr, il faut en prendre soin au lavage et savoir recoudre un bouton est très pratique. Mais
la vérité est qu’il est de plus en plus rare qu’un vêtement de moindre qualité (je regarde dans ta direction « fast-fashion ») soit en assez bon état pour passer le #30wearschallenge ou le donner au suivant. Considère ton achat comme un investissement, en essayant le calcul du coût par utilisation. C’est quoi exactement? Voici un exemple:
Tu vois un jean de qualité et de fabrication équitable et tu décides de dépenser les 150$ demandés. Mais puisqu’il est superbe et te vas comme un gant, tu estimes que tu le porteras environs 3 fois par semaine pendant deux ans (312 fois), ce qui revient à un coût par utilisation de 0,48 $. Tu le compares ensuite à ton dernier pantalon de mauvaise qualité que tu as acheté pour 30$ et porté 10 fois (jusqu’à ce qu’il se décolore, bouloche et s’étire malgré tes bons soins), ce qui revient à 3 $ la fois. Lequel t’en donne vraiment plus pour ton argent? C’est OK d’être exigeant dans nos achats, après tout, comme le chantait Donna Summer « She works hard for the money ».
9.Magasine seconde main.
Le seconde main, c'est des trouvailles pas cher, des boutiques vintage ou encore un moment le fun entre ami(e)s à faire des échanges. Bref, il y a plusieurs façons de magasiner seconde main et même de faire un peu de sous. Eh oui, en plus de différentes applications qui permettent de revendre directement tes vêtements, la tendance est à la consignation et plusieurs boutiques de seconde main utilisent ce système pour remplir leur boutique de morceaux soigneusement triés. De nos jours, magasiner des fripes, c’est loin d’être plate.
10. Découvre le « Zéro déchet » avec style.
Plusieurs compagnies innovent en repensant leur façon de faire afin de limiter leur déchet au maximum. Que ce soit de la conception zéro-déchet (en exploitant le tissu en entier à travers divers techniques), l’up-cycling (utiliser les surplus de tissus destinés aux rebus, se servir des chutes de tissus pour créer un autre textile ou motif, retransformer le tissu en nouvelles fibres textiles, etc.) ou la reconstruction (vêtement existant est défait puis recousu pour donner une deuxième vie au textile). Je suis emballée de voir les divers concepts des designers de mode « zéro déchet » et comment ceux-ci évolueront dans les prochaines années. Je t'invite à découvrir
ces innovateurs et j'en parlerai plus dans mes prochains articles!
*Comme le site de GOTS et EOKO-TEXT est uniquement en anglais, j’ai plutôt fourni des liens francophone dont celui du site d’Ecocert, une entreprise experte en certifications biologiques et équitables qui contient beaucoup d’informations sur le sujet.
**Données du site mmode.ca
Comments